“Nous parrainons un élève de classe maternelle de l’école de l’Association DENRO de Koudougou au Burkina Faso. Nous avons aperçu cet enfant lors de nos visites à l’école, mais nous ne nous sommes pas faits connaître car il était peu confortable pour nous de nous poser en tant que « bienfaiteur » vis-à-vis de l’enfant et de sa famille, et nous ne souhaitions pas leur créer d’obligations envers nous.
L’Association nous a cependant proposé de rendre visite à cet enfant dans son cadre familial, chez lui, ce qui nous permettrait de constater dans quel milieu très défavorisé il vivait, et nous faire prendre conscience en temps réel et concrètement des bienfaits d’un tel parrainage, pour que nous puissions ainsi en témoigner en connaissance de cause. Après avoir hésité, nous y sommes allés, poussés par un désir bien légitime de connaître ces personnes et leur cadre de vie.
Nous nous y sommes rendus en véhicule, dont le chauffeur, précieux auxiliaire de l’Association, allait nous servir de traducteur lors de la visite.
Nous avons quitté l’agglomération urbanisée pour atteindre une zone campagnarde, et nous sommes parvenus à une « concession », c'est-à-dire une sorte de hameau de brousse, ceinturé d’un mur de pierres et de terre sèche, à l’intérieur duquel plusieurs habitations de fortune entouraient une sorte de grande place centrale en terre battue, d’où émergeaient des greniers à mil cylindriques au toit de chaume pointu, ainsi que la margelle d’un puits. Malgré la présence de volailles, d’un dindon et de quelques chèvres, la place était relativement propre, quelques petits foyers allumés en plein air sur des pierres réchauffaient la pitance du soir, mais le dénuement était criant.
Notre chauffeur a fait les présentations en Moré, et chacun est venu nous saluer, ainsi que la mère de Bene Wende, notre « neveu » de circonstance, qui élève seule cet enfant. Celui-ci est également venu nous saluer timidement, en croisant les bras et en inclinant la tête en avant, comme le font les enfants. Nous lui avons remis un petit ballon qu’il a saisi aussitôt pour aller jouer avec deux enfants de son âge, après nous avoir remerciés.
Sa mère nous a convié à faire avec elle le tour de la concession, puis nous a fait pénétrer chez elle, son habitation étant constituée d’une pièce vide sans fenêtre, sans le moindre meuble, uniquement équipée de quelques chaudrons ou bassines posés à même le sol, et traversée en diagonale par une corde sur laquelle pendait du linge et des vêtements. Quelques nattes et tapis enroulés et appuyés contre le mur servaient sans doute de couchage. L’intérieur de l’habitation était propre malgré la poussière de latérite qui flottait à l’extérieur.
Pour marquer notre passage, nous avions souhaité amener un présent. Ce fut un sac de riz, bien de première nécessité. Cela aura pu permettre à Bene Wende et sa mère de s’en nourrir, mais également à assurer quelques semaines, voire quelques mois de subsistance à l’ensemble de cette petite communauté, qui vit, selon la coutume ancestrale, sous l’autorité patriarcale, et dont tous les membres se doivent une assistance mutuelle.
Installés sur un banc, nous avons discuté avec Bene Wende et sa mère, grâce à la traduction du chauffeur prénommé Moussa, et nous avons formulé nos souhaits à propos de l’avenir du jeune écolier, et sa mère nous a assuré qu’elle y veillerait, dans la mesure de ses moyens.
Nous avons ensuite pris congé en échangeant des saluts dans la bonne humeur, et nous avons quitté ce monde si différent et si lointain du nôtre, dans lequel il nous est apparu comme une évidence qu’un geste d’entraide de notre part, d’une importance toute relative, et qui serait pour la majorité des individus de ce pays financièrement insupportable, peut se transformer en un formidable investissement sur l’avenir. On peut même venir sur place, si on le souhaite, en vérifier la progression. Avec en prime un accueil d’une chaleur insoupçonnée.
Alors, pour l’avoir vécu, je peux maintenant en témoigner : parrainer un enfant pour lui donner accès à cette école maternelle, comme le disait un slogan à succès, c’est facile, c’est pas cher, et ça va (lui) rapporter gros !
Alors pourquoi attendre……ici il y a tant à faire… “