Lors de son séjour elle a mené un travail de recensement sur les conditions de vie de la plupart des enfants parrainés (de la 1ère promotion) au sein de leur environnement familial. Ces témoignages sont intéressants parce que vus par un œil extérieur. Ils ont le mérite, déjà, de nous sensibiliser, (si tant est que nous ne le soyons pas encore) au décalage des modes de vie entre eux et nous. Des récits de situations poignantes dont voici quelques extraits.
Pour pratiquement toutes les familles l’expression récurrente est :
Ils n’ont ni l’eau ni l’électricité
On retrouve des conditions de logement quasi similaires dans toutes les familles. Seul le nombre d’enfants à charge varie :
– Le couple et leurs 6 enfants vivent dans une petite case de 2 pièces. Les parents disent qu’il n’y a eu aucun changement dans la cour dans les dernières années,
– Mme et ses fils habitent une petite case d’une seule pièce qui est en très mauvais état. Mme raconte que le toit est fendu et que lors de la saison des pluies, l’eau coule tellement dans la maison qu’ils ne peuvent pas se coucher sur le sol.
Notre action s’insère dans le cadre de coutumes locales :
– L’enfant est le fils cadet de sa mère, il en aura donc la responsabilité lorsqu’il sera plus grand. Le fait d’être éduqué changera grandement son avenir et ses conditions de vie, car il vient d’une famille nombreuse où seulement 3 enfants sur 16 sont scolarisés.
– Mme et ses enfants habitent une petite case dans la cour de M. en compagnie de ses 3 coépouses et leurs enfants. Un frère de M.est décédé donc monsieur a pris sa femme et ses enfants aussi. De plus, un autre frère de M. vient de s’installer dans la cour avec sa femme et leurs 6 enfants. Ce frère et sa famille vivaient en côte d’ivoire, mais comme ce dernier est devenu trop malade pour travailler, il est de retour dans la cour familiale.
Dans la cour, les femmes tissent les pagnes traditionnels sur 3 métiers à tisser, la famille élève aussi des poulets et cultive le mil. Ils n’ont ni l’eau courante ni l’électricité. La cour est très vaste, et dans la cour, les enfants sont nus ou habillés avec des vêtements déchirés et sales. Les adultes sont tous affairés à travailler. Le père est l’aîné de la famille, il a donc la responsabilité de ses femmes, ses enfants, ses frères et les enfants de ce dernier. Dans ce contexte, les besoins de base des enfants du secteur 1, sont pas tous comblés.
Nous pouvons soulager en partie
Mme est une femme impressionnante, elle est en fauteuil roulant mais demeure très active. Elle loue un petit local pour y faire de la coiffure, et joue au basket-ball dans une équipe pour les femmes handicapées. Ses 2 fils sont scolarisés, et elle en est très fière. Le parrainage l’aide beaucoup à assurer un bel avenir à ses enfants.
L’enfant est au CP2. Elle dit qu’elle n’a pas d’amis à l’école, elle se sent souvent seule et n’a pas de plaisir. Par contre elle apprécie la chance qu’elle a d’aller à l’école. Elle va à l’école en vélo (don de l’association Denro) ce qu’elle apprécie fortement.
Les parents sont ravis que l’enfant puisse aller à l’école à vélo.
De l’espoir aussi pour certains d’entre eux (et un peu de satisfaction pour nous)
– Mme observe que son fils est plus respectueux de son autorité depuis qu’il va à l’école. Elle est fière que ses fils aillent à l’école. Il aime beaucoup l’école
– Mme explique que son seul espoir c’est que ses fils soient éduqués.
– L’enfant est en CP2 à l’école Denro. Elle aime beaucoup aller à l’école et a beaucoup d’amis. Elle doit faire plus de 7 km à vélo matin et soir pour s’y rendre et rentrer chez elle. Elle fait le trajet avec son amie Irène qui n’habite pas loin de chez elle.
– Les parents sont très heureux que leur enfant aille à l’école, car cela lui promet un meilleur avenir. Ils savent que leur fille travaille bien, car le père appelle souvent l’enseignante pour faire un suivi du travail scolaire de sa fille.
– Le transport est un enjeu à cause de la distance, mais les parents entretiennent bien le vélo que l’association DENRO leur a donné et l’enfant se rend ainsi plus facilement à l’école. À l’école elle peut aussi profiter des repas à la cantine, ce qui est très apprécié car ainsi elle peut manger tous les jours, malgré les faibles revenus de la famille. Ses parents semblent très aimants et soutenant, et mettent le développement de leur fille en priorité.
– Sa fille a changé de comportement depuis qu’elle va à l’école, elle est plus autonome et structurée, Mme raconte que lorsque l’enfant revient de l’école, elle lave ses habits d’elle-même, elle offre son aide pour préparer à manger, elle fait ses devoirs de façon autonome et se couche tôt pour être en forme pour aller à l’école le lendemain. Le matin elle se réveille à 5h et se prépare sans aide pour aller à l’école.